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Revivez notre matinée d'étude - L’enseignement des enfants réfugiés et demandeurs de protection internationale : Des pratiques pour répondre aux défis

13.12.2021 by Melanie

Le 18 novembre 2021, le HCR, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, la Fondation Joseph Denamur et la Plate-forme Mineurs en exil ont organisé une matinée d'étude intitulée : "L’enseignement des enfants réfugiés et demandeurs de protection internationale : Des pratiques pour répondre aux défis".

Nous vous invitons à revivre cette matinée en lisant un petit compte rendu de chaque intervention et atelier ci-dessous, ou en revoyant les enregistrements de notre matinée. Si vous cliquez sur "regarder sur YouTube", vous auriez accès à un playlist reprenant les enregistrements des sessions plénières et les 7 ateliers.

Session plénière

  • 1ier discours liminaire par Laura Emery (Vrije Universiteit Brussel) : "L'orientation des élèves primo-arrivants dans l'enseignement secondaire flamand"

Laura Emery effectue des recherches sur l'intégration des primo-arrivants dans l'enseignement secondaire flamand. Elle utilise des méthodes ethnographiques pour comprendre en profondeur le processus d'orientation de ce groupe spécifique d'élèves. Elle analyse l'organisation des classes d'accueil pour les élèves primo-arrivants parlant une langue étrangère et la transition vers l'enseignement régulier. Ce faisant, elle expose les caractéristiques du système éducatif qui rendent difficiles l'inclusion des élèves primo-arrivants. Laure Emery concluait son discours par trois recommandations politiques qui visent à améliorer le parcours scolaire des enfants et jeunes primo-arrivants avec une autre langue maternelle.

  1. Il convient de procéder à une évaluation plus large de ces élèves dans l'enseignement par le biais de différentes méthodes d'évaluation qui vont au-delà de la seule acquisition de la langue de la société d'accueil.
  2. Il faudrait multiplier les "croisements" entre les dispositifs OKAN/DASPA et l'enseignement régulier, par le biais de leçons et d'activités partagées qui permettent aux enseignants d'échanger leur expertise et d'offrir aux élèves un environnement d'apprentissage plus riche.
  3. Enfin, quand ces élèves font la transition vers l'enseignement régulier, il faut leur accorder plus de temps et d'espace pour l'acquisition de la langue de la société d'accueil. Laura Emery propose les pistes suivantes: (i) adapter le curriculum, (ii) enseigner une matière avec un focus sur la langue, sur le vocabulaire spécifique, (iii) créer un environnement d'apprentissage performant et soutenant, (iv) évaluer de manière flexible et étendue, (v) reconnaitre et valoriser les connaissances et compétences que l'élève possède déjà, et finalement (vi) stimuler les enseignants dans l'enseignement régulier qui travaillent avec les élèves qui ont fréquenté un dispositif OKAN/DASPA en leur fournissant des moyens et ressources supplémentaires.

Consultez la présentation de Laura Emery.

  • 2ième discours liminaire par Catherine De Geynst (CRéSaM) : "Les manifestations relationnelles du trauma"

Catherine De Geynst est psychologue clinicienne, psychothérapeute systémique, psycho-traumatologue et responsable de projet au CRéSaM.

Elle soulignait que chaque personne qui rencontre des enfants ou des jeunes traumatisés peut jouer un rôle important pour soutenir le bien-être de la personne en question. Le point central est que ces enfants et jeunes ont un sentiment d’ancrage, d’appartenance et qu'ils et elles ont un lien avec les personnes qu'ils et elles rencontrent sur leur chemin. C’est pourquoi que dans son projet, madame De Geynst mise sur une sensibilisation des intervenants de première ligne (écoles, centres d’accueil, ...) au trauma et ses manifestations relationnelles dans la vie quotidienne.

Madame De Geynst abordait également d'autres éléments qui influencent la capacité des enfants et jeunes en exil de se connecter à d'autres personnes et leur vue du monde. Premièrement, il y a leur trajectoire de fuite, l’arrivée dans le pays d’accueil et le manque de réseau social et de compétences linguistiques qui impactent ces enfants et jeunes d’une façon profonde. Deuxièmement, les enfants et les jeunes en question portent souvent une responsabilité pour la famille ‘abandonnée derrière’ (la réalisation d’un regroupement familiale, l’envoi d’argent, …). Cela s'accompagne souvent d'un sentiment de culpabilité envers ces membres de la famille. Tout cela rend l'installation et l'intégration du jeune dans la société d'accueil difficile et fournit le contexte pour le PTSD. Madame De Geynst soulignait qu'il faut aussi comprendre que la psyché et le corps à la fois revivent les traumatismes. Cet aspect physiologique des traumatismes rend plus difficile pour les jeunes d’exprimer leurs émotions de manière contrôlée et libre, et donne lieu à un mécanisme d’autodéfense consistant en émotions de tristesse, d’agression, de colère et de vulnérabilité.

En guise de conclusion, elle mettait en évidence l’importance de la création d'un lien de confiance avec ces jeunes, afin de créer un environnement sûr. Par conséquent, les jeunes qui se sentent en sécurité ont plus de force, d'énergie et de confiance pour s'investir dans leur nouvelle vie et leur pays d’accueil. Il est donc crucial de se concentrer sur les connexions entre ces enfants et jeunes avec les différents personnes et les différents professionnels des dispositifs et réseaux dans lesquelles ils et elles se retrouvent (écoles, centres d’accueil, mouvement de jeunesse, …).

Pour information, le CRéSaM organisera en 2022 un cycle de formation pluridisciplinaire abordant la scolarité des élèves primo-arrivants.

  • Témoignages d'élèves qui ont fréquenté des dispositifs OKAN ou DASPA

Après les deux discours liminaires, quelques élèves qui ont fréquenté un dispositif OKAN ou DASPA ont pris la parole afin de témoigner de leurs expériences.

Ahmad et Amir, deux jeunes qui participent dans le projet "Ananas" de Vluchtelingenwerk Vlaanderen, nous ont fait part des difficultés qu'ils ont rencontré au moment de la transition vers l'enseignement régulier. Tous les deux ont vécu des moments où ils vivaient un manque de soutien adapté à leur situation en tant qu'élève primo-arrivant. Selon eux, l'école et les enseignants sont des facteurs cruciaux qui peuvent les soutenir dans leur parcours. Un autre point d'attention que les garçons abordaient était le fait que comme élèves primo-arrivants il's étaient confrontés à plusieures nouvelles langues qu'ils devaient au plus vite maitriser. Ils nous ont tous les deux témoigné de pertes de concentration et qu'ils pensaient qu'ils feraient mieux de suivre un parcours adapté. Ils considéraient que la transition de l'enseignement OKAN vers une école régulière était une très grande étape, qu'il fallait mieux approcher en plusieurs petites étapes. 

En ce qui concerne l'enseignement dans les dispositifs DASPA , Christelle et Aminullah, témoignaient de leurs expériences. Ils racontaient tous les deux comment ils ont été aidé par certains volontaires et organisations qui apportent un soutien aux personnes primo-arrivants. Par exemple, Aminullah soulignait le rôle important que l'association Live in Color avait joué dans son parcous. Pourtant, tout comme leurs collègues avec un parcours scolaire en Flandre, ils ont également vécu la transition de la classe d'accueil à l'enseignement régulier comme très difficile. Christelle témoignait qu'elle avait très apprécié la classe DASPA. Non seulement elle n'avait pas de grands problèmes d'apprentissage de la langue française, mais elle s'y était également constitué un solide groupe d'amis. Cependant, après l'enseignement dans sa classe DASPA, les choses sont devenues plus difficiles. Selon elle, les enseignants n'ont pas réussi à accorder l'attention nécessaire aux élèves primo-arrivants et à s'adapter à leur niveau de français. Aminullah et Christelle admettent qu'à un certain moment, ils ont voulu abondonner le parcours scolaire. Dans le cas de Christelle, c'était la directrice de son école qui lui avait motivé à ne pas renoncer et à chercher de l'aide auprès d'une logopède. 

  • Echange sous forme de panel : tuteur, parent, enseignant

À la fin de la session plénière, la parole a été donnée aux tuteurs, parents et enseignants afin de partager leurs expériences. 

Frédérique Krings est tutrice bénévole de mineurs non accompagnés (MENA). Elle accompagne Christelle et Aminullah, les deux jeunes qui ont témoigné de leurs expériences dans l'enseignement francophone. Madame Krings mettait en avant leurs parcours spéciaux, charactérisés par le résilience et le courage. D’après Madame Krings, les tuteurs et tutrices ont le rôle d’offrir aux jeunes qu'ils et elles accompagnent des moyens d’aide disponibles. Ce n’est pas facile pour ces jeunes de faire appel à et d'utiliser ces moyens. Les tuteurs et tutrices doivent selon elle travailler dur (par une présence continue) pour encourager les jeunes de chercher ce qu’il les aide et d’accepter ce dont ils ont besoin. Evidemment, il y a des différents profiles de jeunes qui réagissent différemment à la situation difficile dans laquelle ils se retrouvent.

Michael Dierckx est tuteur au sein de la Rode Kruis Vlaanderen. Il partageait l'interprétation du rôle du tuteur comme présentée par sa collègue, Madame Krings. Pour lui, la recherche d'une solution durable pour le jeune est également centrale. Il faut pour cela avoir une vue d'ensemble des différents domaines dans lesquels se trouve le jeune en question. Plus précisément, il identifiait l'école et l'enseignement comme des domaines difficiles à gérer pour le tuteur. Pour lui, il s'agit de définir de manière proactive les priorités pour plusieurs jeunes en même temps (un tuteur de la Rode Kruis Vlaanderen accompagne 15 à 20 puppilles). Les nombreux moments de contact avec les écoles exigent du tuteur une sorte de continuité en matière de compréhension, d'empathie, de temps et de présence.  

Djenk Ejup est professeur de langue, il enseigne actuellement le néerlandais comme langue étrangère aux adultes et a lui-même un parcours de réfugié. Il reconnaît les expériences des autres panélistes. Il estimait que nous devrions nous concentrer davantage sur l'expansion de l'enseignement dans les dispositifs OKAN et DASPA qui, comme l'indiquaient également les élèves, est un environnement d'apprentissage sûr. L'accent mis sur la transition vers l'enseignement régulier exige beaucoup des enseignants d'une part, et des élèves d'autre part. Les jeunes se sentent parfois un peu perdus dans le système d'enseignement, une situation qui fait un appel excessif à leur résilience et persévérance. Monsieur Ejup concluait en disant que nous ne pouvons pas attendre des élèves primo-arrivants d'être capables de participer à ce système qui accorde trop peu d'attention à leurs besoins. Si nous le faisons, nous considérons en fait qu'il s'agit d'une sorte de "survie du plus fort". 

Ansam Rasmi Sabih intervenait à partir de la perspective de mère. Elle observait que les parents d'élèves primo-arrivants reçoivent généralement peu d'informations sur le système éducatif en Belgique. Ils s'informent principalement auprès de leurs enfants. L'idéal serait que les parents soient davantage impliqués dans le système scolaire/éducatif afin qu'ils soient conscients des possibilités d'évolution de leurs enfants. Idéalement, les enseignants devraient également recevoir une formation sur la manière de s'occuper des enfants réfugiés ou dans une autre situation d'exil. L'intégration de ces enfants et jeunes dans un contexte scolaire et de classe est extrêmement importante. L'objectif de l'enseignement ne doit pas se limiter à l'obtention d'un diplôme, mais doit également viser à ce que les enfants et les jeunes se sentent heureux dans la société d'accueil.

Ateliers

  1. Présentation du projet RefugeesWellSchool

Le projet RefugeesWellSchool étudie l'efficacité des différentes interventions psychosociales en milieu scolaire sur le bien-être et l'inclusion sociale des jeunes ayant un parcours migratoire. Dans la première partie de cet atelier, Caroline Spaas discutait des résultats qui portent sur le bien-être des enfants et des jeunes dans l'enseignement primaire et secondaire. Elle examinait également la relation entre le bien-être des jeunes et les expériences de séparation familiale, de stress quotidien et de discrimination dans la société d'accueil. Dans une deuxième partie, basée sur une recherche qualitative à grande échelle, Caroline présentait les points de vue des jeunes dans l’enseignement d’accueil sur le rôle de l'école dans le bien-être et la formation de l'appartenance à la société d'accueil.

  1. Projets alternatifs dans ou en dehors de l’enseignement régulier
  • Tchaï est une structure pédagogique et psycho-sociale pour les jeunes en exil et les jeunes des communautés roms qui n'ont pas ou peu été scolarisés. Tchaï offre un espace-temps de répit, d'expérimentation et de découvertes pluridisciplinaire.
  • La Petite Ecole est un dispositif pédagogique et thérapeutique de pré-scolarisation pour des enfants de l'exil, jamais ou peu scolarisés.
  • Agentschap Integratie en Inburgering - Bon Brussel (Inge Decooman, consultez sa présentation ici.)
    • Urban Training Brussels est un réseau d'institutions travaillant avec des jeunes sans diplôme et des centres ou organisations à Bruxelles qui offrent une formation adaptée à ces jeunes. Ensemble, ils veulent réintégrer les jeunes en décrochage scolaire, dont le nombre augmente rapidement, et leur offrir des possibilités de formation afin qu'ils ne perdent pas leurs chances sur le marché du travail sans aucune qualification.
    • "Masir Avenir" signifie "Le chemin vers l'avenir", traduit du dari et du français. C'est exactement ce que représente le projet. Au cours d'une école d'été, des jeunes non européens récemment arrivés à Bruxelles apprennent à mieux connaître la ville et la Belgique grâce à des ateliers et ont la possibilité de pratiquer le néerlandais. En outre, les jeunes sont suivis par un conseiller d'orientation pendant 18 mois.
  1. La collaboration entre les centres d'accueil et les écoles

Modération par Katja Fournier, chercheuse au Kenniscentrum Gezinswetenschappen de la haute école Odisee.

Panel :

  • Fedasil Arendonk
  • Fedasil Florennes
  • Centre MeNA El Paso à Gembloux
  • ITCF Henri Maus à Namur

Les centres d'accueil et les écoles sont deux sphères centrales dans la vie d’enfants demandeurs d’une protection internationale.

Quant à des défis communs, les travailleurs des centres et d’écoles ont identifié certains éléments indépendants de leur volonté : les fluctuations dans le nombre d’élèves primo-arrivants qui arrivent (ce qui a un impact sur l'ouverture des classes DASPA, l'accompagnement dans les centres d'accueil, ...), un turn-over important dans les équipes des écoles et des centres d'accueil, l'éducation dont les élèves ont déjà bénéficiée dans leurs pays d'origine (ou pas), ...

Les différents intervenants mettaient en évidence l'importance de connaître la réalité et le contexte de chacun et d’une ouverture de vouloir se connaître et rencontrer. Le fait d’avoir des personnes de référence au sein des centres d’accueil et des écoles a été abordé comme quelque chose de très utile, voir même essentiel, afin de garantir un bon flux de la communication entre les centres d’accueil et les écoles.

La communication et la disponibilité envers les jeunes, l'empathie, le désir de connaître leur réalité et de s’adapter à leurs besoins ont été considérés des bonnes pratiques par tous les intervenants.

Enfin, en ce qui concerne l’implication des parents des enfants accompagnés, les intervenants sont tous confrontés à différentes difficultés liées à entre autres des barrières linguistiques, une faible connaissance du système d’enseignement en Belgique, ... Les intervenants ont souligné l’importance de la participation des parents dans le parcours scolaire de leurs enfants et différentes bonnes pratiques comme des visites communes aux écoles ont été abordées.

  1. Valoriser le plurilinguisme dans l’enseignement
  • Karijn Helsloot est la directrice de la fondation Taal naar Keuze à Amsterdam. À partir de son expertise en tant que linguiste et spécialiste des politiques linguistiques dans le domaine du plurilinguisme, elle abordait un certain nombre d'aspects de l'éducation linguistique des jeunes primo- arrivants aux Pays-Bas. Le rapport consultatif "Ruimte voor nieuwe talenten" [Place aux nouveaux talents] pour l'enseignement primaire était abordé, ainsi que le matériel "Alle Talen" [Toutes les langues] pour les primo-arrivants et les élèves réguliers de l'enseignement secondaire. L'utilisation active de l'ensemble du répertoire linguistique des primo-arrivants dans l'apprentissage et le jeu sont essentiels pour leur bien-être et pour une transition sans heurts vers l’enseignement dans le pays d'accueil.

Consultez la présentation de Karijn Helsloot.

  • Veronique De Clercq est chargée de projets portant sur l’enseignement au sein de Vluchtelingenwerk Vlaanderen et présentait le projet de renforcement des compétences "Tolkies en Taalhulpen", et passait en revue l'importance de la traduction orale avec les participants. Sur la base de son expérience en tant que professeur de langue maternelle en Suède, Véronique mettait également en lumière la manière dont l'enseignement est dispensé aux primo-arrivants ne parlant pas la langue du pays d’accueil dans les écoles suédoises.

Consultez la présentation de Veronique De Clercq.

  1. Le parrainage comme méthode de soutien pour les élèves primo-arrivants
  • Gaëlle Mortier, doctorante sur les relations sociales des primo-arrivants à l'Institut Hannah Arendt, présentera un cadre introductif sur les projets de parrainage.
  • Nadine Lino, directrice de Live in Color, une initiative citoyenne fondée en 2015, qui a notamment pour mission de promouvoir l'intégration et l'éducation des enfants et des jeunes réfugiés. Live in Color a un projet de parrainage spécifique pour les jeunes réfugiés.
  • Marie Poncin et Julie Dock, enseignantes en DASPA au Campus Saint-Jean Molenbeek, présentent le projet « MP » (pour Marraine/Parrain), mis en place en 2019 afin d’améliorer l’accueil et l’intégration des élèves primo-arrivants dans l’école. Les volontaires étaient des élèves de toutes les sections, qui parlaient ou non la langue de leur filleul.
  • Piet de Bisschop et David Vernaeve présenteront le Buddy Netwerk Vluchtelingen du Vluchtelingenplatform Regio Dender. Ils œuvrent pour une société solidaire par la sensibilisation, les actions et la mise en relation d'initiatives dans la région de Dender qui veulent donner une place aux personnes réfugiés dans notre société.
  • Lieve Missotten présentera le projet de parrainage de la Limburgs Platform voor Vluchtelingen. Il s'agit d'une méthodologie développée pour organiser et soutenir les réseaux de volontaires autour des réfugiés dans les municipalités où il n'y a pas ou peu de réseau. Le projet vise à renforcer et à compléter l'aide locale aux personnes réfugiées.
  1. Ostbelgien, un regard sur la communauté germanophone

Le centre d’expertise (Kompetenzzentrum) du Centre de pédagogie intégrée (Zentrum für Förderpädagogik) offre aux directeurs d'école et aux enseignants des conseils et du savoir-faire pédagogique pour les soutenir et les renforcer dans leur travail. L'objectif est de fournir aux élèves une approche holistique et de les soutenir en fonction de leurs besoins spécifiques. Dans le domaine de l’enseignement des primo-arrivants, le centre d’expertise soutient et oriente l'intégration et le soutien linguistique des enfants et des jeunes dans les écoles maternelles, primaires et secondaires ; la coopération entre la classe d'acquisition linguistique et la classe régulière d'accueil ; la préparation des réunions de parents et la recherche de matériel pédagogique.

Consultez la présentation d'Elvire Wintgens, collaboratrice au sein du Kompetenzzentrum.

  1. Échange en panel sur la manière de prendre en charge les enfants sans-papiers dans l'enseignement
  • Michael Dierckx – tuteur auprès de la Rode Kruis Vlaanderen:

En tant que tuteur, il faut préparer ses pupilles aux différentes procédures, trouver un avocat, informer le pupille sur les différentes possibilités de séjour et évaluer correctement les chances de succès de ces procédures et communiquer à ce sujet de manière transparente avec le pupille et ses parents s'il y a un contact avec eux. La notion de solution durable est au cœur du travail du tuteur. Une situation de séjour illégal est bien sûr très difficile à concilier avec cela. En tant que tuteur, on essaie évidemment toujours d'éviter une telle situation ou de faire en sorte que le pupille puisse encore obtenir un droit de séjour. Les scénarios alternatifs - retour volontaire, conséquences d'une vie dans l'illégalité - doivent également être abordés.

  • Nathalie Vandenameele – responsable pédagogique auprès de Katholiek Onderwijs Vlaanderen (la coupole de l'enseignement catholique en Flandres)

Katholiek Onderwijs Vlaanderen soutient les écoles lorsqu'elles sont confrontées à des élèves qui risquent d'être expulsés de force. Dans le réseau "Laat ze Leren" (Laisse les étudier), une collaboration entre Katholiek Onderwijs Vlaanderen, l'asbl Orbit, le Kinderrechtencommissariaat (le Délégue général aux droits de l'enfant auprès du Parlement flamand) et des personnes de terrain, des réflexions sont menées sur la meilleure façon de soutenir toutes les personnes impliquées dans une telle situation. Des outils pratiques sont également développés au sein de ce réseau, comme une feuille de route sur ce que peut faire une école si des élèves (et leur famille) reçoivent un ordre de quitter le territoire, sont effectivement expulsés ou ne se présentent plus à l'école et un guide de communication de crise "Garder la tête froide et le cœur chaud" concernant la communication avec la presse et les autres acteurs en cas d'expulsion forcée d'une famille avec des enfants (scolarisés). 

Le mardi 30 novembre 2021, le réseau "Laat ze Leren" a organisé une journée d'étude : Perspectives d'avenir pour les enfants, les jeunes et les adultes sans séjour légal. Vous pouvez consulter les présentations (en néerlandais) données lors de cette journée ici. Vous trouverez de plus amples informations sur le réseau ici, ainsi que sur sa page Facebook.

  • Geert Matthys – Enseignant droits des étrangers, Bachelier Travail social, haute école Artevelde hogeschool

De nombreuses écoles ne savent pas qu'elles ont des élèves en séjour irrégulier. Souvent, les enfants sont initialement inscrits dans une école sur la base d'un séjour légal (par exemple, leurs parents avaient introduit une demande de protection internationale), mais perdent ensuite ce droit de séjour. Il y a un manque de connaissances et beaucoup de malentendus sur les droits de ces enfants et de ces jeunes. On sait qu'ils ont droit à l'éducation, mais comment cela se traduit-il par un enseignement obligatoire ? Ont-ils droit à un diplôme ? Peuvent-ils participer à un voyage scolaire à l'étranger ? Peuvent-ils effectuer un stage dans le cadre de leurs études ? Peuvent-ils apprendre et travailler en alternance ? Qu'en est-il de l'aide financière sous forme de bourses scolaires et d'études ? Ce ne sont là que quelques-unes des questions qui se posent lorsque les écoles sont confrontées à des enfants et des jeunes sans statut de séjour légal. En outre, il est nécessaire de se concentrer plus largement sur les expériences de ces enfants et de ces jeunes. Ils semblent apprécier l'école comme un havre de paix, mais le trajet pour s'y rendre et en revenir est souvent accompagné d'un sentiment d'insécurité. Malheureusement, la circulaire (flamande) qui stipule que ces enfants et ces jeunes ne peuvent être arrêtés pendant les heures de classe afin de préparer une expulsion ne dit rien sur le trajet vers et depuis l'école. Cette circulaire doit être modifiée. Les témoignages des enfants et des jeunes en question montrent que leur situation de séjour illégal se précise au fur et à mesure qu'ils grandissent et que les différences entre eux et leurs pairs se multiplient : ils ne peuvent pas partir en voyage de classe à l'étranger, ils ne peuvent pas prendre un emploi de vacances ou un job étudiant, il est impossible d'obtenir un permis de conduire, etc. 

  • Charlotte Crahay – Organisation internationale pour les migrations (OIM)

L'Organisation internationale pour les migrations apporte un soutien au retour volontaire avant, pendant et après le retour. Cette assistance comprend entre autres un soutien administratif et logistique, mais aussi la préparation de la réintégration dans le pays d'origine. Dans la mesure du possible, les enfants sont préparés à leur parcours scolaire après leur retour : les documents nécessaires sont rassemblés, traduits et légalisés, les missions locales de l'OIM sont contactées et, si nécessaire, des cours de langue sont prévus dans la (nouvelle) langue d'enseignement. Certaines écoles organisent des moments d'adieu pour les enfants qui retournent avec leurs familles, ce qui permet à l'enfant qui part et à ses camarades de classe de se dire au revoir en beauté.

Ce film de PICUM, la plateforme internationale de coopération sur les personnes sans séjour légal, montre l'impact d'un départ soudain ou de l'absence inattendue d'un camarade de classe sur les enfants laissés derrière.

L’asbl Odyssée a pour mission d’accompagner des ados en rupture/décrochage scolaire afin de leur permettre de se remettre en projet et redevenir acteurs de leur avenir peu importe leur origine, leur statut social, leur situation familiale, leur handicap, etc. Mme Sztencel constate que 85% des jeunes avec lesquelles son asbl travaille, a une expérience de migration. Elle estime que tous les enfants n’entrent pas à l’école avec les mêmes chances. Les élèves qui accumulent un grand nombre de jours d’absence injustifiée connaissent souvent des multiproblématiques : des troubles psychosociaux, des problèmes financiers, familiaux, … À son avis, notre société empêche ces jeunes d'être et de devenir des citoyens. Elle estime que les écoles pourraient faire mieux afin d’intégrer ces enfants et jeunes, de les donner du sens et d’espoir pour leur avenir. Ces enfants et jeunes savent très bien que l’enseignement est la porte d’entrée principale pour participer à la société, pour devenir quelqu’un, mais ils ont l’impression que leur sort est déjà fixe, qu’ils n’ont pas de vraie influence sur leur futur. Réaccrocher ces ados, c’est éviter des « générations perdues ». Permettre à chacun d’atteindre une forme d’autonomie, une véritable estime de soi et prendre sa vie en mains, c’est l’engagement de son asbl. L’asbl Odyssée a rédigé un livre “Accompagner des ados en rupture scolaire – la motivation globale”.  

Conclusion : Quelle suite souhaitent les participants ?

 

Cette matinée d'étude a été rendue possible avec le soutien de la Commission communautaire française et de la Loterie nationale.